POUR UNE BRIQUE DE PLUS OU DE MOINS
Tout près de Lambersart, le circuit des remparts de la citadelle de Lille est un lieu agréable pour courir et marcher.
Il y a quelques jours, j'y étais et je me suis arrêté pour engager la conversation avec un ouvrier qui restaurait un mur près de la porte Royale . Derrière le grillage du chantier, il faisait une pause et allumait une cigarette avec un briquet à mèche comme le faisaient avant lui ses prédécesseurs qui "roulaient du gris qu'ils prenaient dans leurs doigts".
Quand je lui eus dit -ce que je crois vraiment - que son travail était exceptionnel et précieux car il créait un lien entre le siècle de Louis XIV et le XXIe siècle,j'ai senti qu'il me trouvait sympathique !
On en vint à parler des 60 millions de briques qu'il avait fallu pour construire le bel édifice .Il m'apprit qu'à l'époque la brique d'Armentières était meilleure que la brique de Lambersart mais nous tombâmes d'accord pour nous réjouir qu'aujourd'hui encore on pouvait rêver devant ces briques qui avaient peut-être été caressées par le regard de Vauban, de Louvois ou de sa Majesté elle-même.
Pour me récompenser sans doute de mon intérêt pour la restauration historique, il m'offrit une de ces briques tombée du rempart. Depuis , me voici dépositaire d'une partie du patrimoine de la France ! Certains sont allés à Berlin pour arracher une partie du mur . Moi, j'ai mon authentique brique royale de 1667 .
D'autres penseront que je n'ai pas le droit de détenir un tel trésor et que je suis un recéleur. Faux . Car il me semble bien me souvenir que pour construire la Citadelle le territoire de Lambersart avait été amputé au profit de celui de Lille. On ne peut donc pas parler de recel mais de petit dédommagement !
De toute façon, cette brique, je vais la déposer dans mon bureau à la mairie. Pourtant,
je ne vous invite pas à aller chercher la vôtre . Evitez aussi d'ébruiter mon larcin . Car pour éviter le pillage les autorités auraient vite fait de décider des mesures répressives !