MON PERE , CE HEROS.... (Victor Hugo)
Le récit des 6 mois de captivité de mon père est terminé .
Certains d'entre vous auront peut-être été déçus de ne pas y trouver le récit d'actions extraordinaires ou d'évasions spectaculaires .D'autres m'ont déjà fait part de leur émotion à la lecture de ces pensées intimes , de ces journées centrées presque exclusivement sur les soins infirmiers,la qualité de la nourriture ou l'attente du courrier .
J'ai été ému moi aussi, bien sûr, mais d'autres sentiments m'ont touché .
Comment n'aurais-je pu être fier et troublé de découvrir au jour le jour chez mon père son amour filial, sa tendresse familiale et sa foi chrétienne qui n'a jamais été de façade ? De découvrir ou de redécouvrir .
Comment ne pas m'étonner aussi de son courage à supporter la souffrance ?. Il se plaint peu ; il s'apitoie peu sur son sort et pourtant, c'est tout l'arrière de la jambe gauche qui a été arraché par un éclat d'obus au point que jamais la plaie ne s'est refermée complètement ; qu'elle a toujours suppuré et que son talon n'a jamais pu retoucher terre. Et que dire de la nuit qu'il a dû passer quand un médecin lui a annoncé qu'il devrait être amputé . Annonce heureusement contredite le lendemain .
Sa guerre au front s'est vite terminée , sa mutilation le rendait inapte au combat .
Il lui restait le combat d'aide aux rapatriés et aux familles de prisonniers . Il s'y est engagé dès son retour avec l'héroïsme du quotidien . Quel bel exemple !
Ce récit m'a aussi conforté dans l'idée bien acceptée aujourd'hui de l'impréparation et de l'inorganisation de notre armée . A sa modeste place de sous-officier , dès son arrivée au front ,mon père avait bien compris que nous n'étions pas prêts et que nous ne pouvions gagner . Erreur stratégique , erreurs tactiques, les chefs miltaires ont eu une lourde responsabilité dans la défaite .
Cette prise de conscience de nos faiblesses explique sans doute cette idée qu'il a écrite et qui m'a surpris : « nous n'aurions pas dû déclarer la guerre à l'Allemagne » . C'était son opinion en 1940, au front . Ce n'était plus,je crois, celle qu'il avait quand il a su ce dont les nazis s'étaient rendus coupables jusqu'en 1945 .
Et puisque en cette année 2010, dans quelques semaines, on va célébrer le 40ième anniversaire du jumelage Lambersart-Viersen, je n'oublierai pas alors de penser aux anciens combattants de 39-45 qui ont , comme lui et d'autres, suivant l'exemple du général de Gaulle et du chancelier Konrad Adenauer, faciliter le rapprochement des hommes de nos deux villes.