L'ETAT PINOCCHIO
Je vous avais déjà présenté Robert Hanicotte,habitant de Lambersart et maître de conférences en Droit à l'Université de Lille2, à propos de son étude sur l'interdiction (ou non) de la burqa. Il vient d'écrire un essai politique *sur un des traits de la nature humaine ,le mensonge .
Chacun le sait, l'homme ment comme il respire .Heureusement R. Hanicotte nous épargne un procès en menterie puisqu'il ferme les yeux sur nos travers quotidiens , nos mensonges véniels,pour mieux dénoncer 3 mensonges capitaux : les mensonges d'Etat qui sont des instruments politiques dans les hautes sphères du pouvoir.Il s'attaque aux mensonges dont l'Etat possède le monopole :les mensonges diplomatiques,les mensonges de guerre ou de défense et les mensonges d'ordre et de sécurité.
Le titre du livre et la photo de couverture sont éloquents. « L'ETAT PINOCCHIO », c'est l'Etat menteur et nous en sommes les pigeons . On nous a pigeonnés au moment des accords de Munich; on nous a pigeonnés en Irak quand « le grand sorcier eut recours à une impressionnante batterie mensongère pour fabriquer une image la plus noire possible du Dracula des sables ». On nous pigeonne au siège de l'O N U , « cette maison de verre où le verre est bien opaque . Aujourd'hui encore, « dans les sables d'Orient », des populations sont trompées .En se dissimulant derrière la foi et en se servant de leur totem(drapeau) pour galvaniser les guerriers, « des obsédés du djihad n'ont de cesse de transformer le globe en croissant ».
Un petit tour vers les secrets défense ; les manipulations cybernétiques , radiodiffusées ou télévisées achève de nous convaincre que nous sommes bien des pigeons suspendus au nez menteur de Pinocchio ! Notez bien que les Etats eux-mêmes se pigeonnent comme ce fut le cas avant le 6 juin 1944, pour « le jour le plus long ».
R. Hanicotte nous invite aussi à une reflexion sur les mensonges sécuritaires . Il s'arrête au pied des murs . Certains murs empêchent ou empêchaient de sortir , écrit-il. Le « mur de la honte » qui voulait signifier aux emmurés du rideau de fer que la vie en-deçà serait meilleure qu'au delà est encore dans nos mémoires ; d'autres murs empêchent l'entrée comme l'entrée« au royaume des douze tribus » aux Palestiniens ou l'entrée dans « la corne d'abondance » aux Gringos.
Robert Hanicotte se moque aussi de l'obsession sécuritaire et de ses trompe-l'oeil . Il cible les grilles qui ferment « les réserves d'Indiens » que sont devenues certaines résidences et les caméras qu'il qualifie d' « yeux vitreux de sentinelles orwelliennes » . Il y a là illusion et mensonge,écrit-il puisque « ce nouveau look sécuritaire ne résorbe pas la délinquance, il ne fait que la déplacer » . Sur ce sujet,certaines pages sont succulentes. Celles par exemple où il décrit le fonctionnement d'une réserve sécurisée type et surtout le « psychodrame villageois » que constitue l'assemblée générale de ses copropriétaires. Entre les lignes, par quelques allusions,j'ai reconnu certains lieux lillois et lambersartois :l'artère citadine où coulait jadis le Sang Bleu, la rue des Châteaux, les jardins des Hespérides ou les jardins d'Eden ne seraient-ils pas la rue royale, les jardins du Bourg , le résidence du Vert-Bois....et les Châteaux qui autrefois bordaient notre « rue de Lille » ? .
Dans le domaine de la sécurité urbaine, R. Hanicotte dénonce aussi les « manitous , chefs de tribus gauloises » (appellation courante : maires) .Pour éloigner les sans-le-sou,les paumés,les va-nu-pieds et tous les « sans alvéole-fixe »,ces manitous déguisent « sous de savantes formules juridiques la même réalité repoussante ».Celle des « anti », auxquels il suffit ensuite d'accoler l'épithète voulue : -mendicité,-bivouac,-prostitution etc.
La conclusion de R. Hanicotte est claire .
La question ne consiste plus à savoir si mentir est bien mais à savoir bien mentir , écrit-il .
Et il livre quelques recettes : celle du miroir grossissant quand une échauffourée par exemple est élevée au rang d'atteinte à la sûreté de l'Etat, celle du miroir rapetissant qui dégonfle les vérités dangereuses comme les mauvaises statistiques, autre exemple . Il y a aussi l'embrouille sur le web ou le miroir brisé qui consiste à faire croire « qu'il n'y a pas eu, qu'il n'y a pas et qu'il n'y aura jamais.... ». Enfin, exquise cerise sur le gâteau mensonger des Princes :le parler vrai !
A bon entendeur.....
Le livre est très intéressant . Il est aussi source de grand plaisir pour ceux qui aiment les métaphores et l'humour. Je vous en donnerai quelques exemples bientôt.
*en vente dans les librairies de Lambersart et à la FNAC 16€ .